Depuis la fin des années 70 et la nécessaire émergence des mouvements féministes dans la sphère publique, la nourriture est souvent perçue comme une forme d’assujettissement de la femme. C’est l’idée qui se dégage à première vue de Las genealogías (1981), autobiographie de l’écrivaine mexicaine Margo Glantz (1930–) qui raconte la vie d’immigrés juifs provenant d’Ukraine. Dans sa quête pour déchiffrer son identité judéo-mexicaine, l’auteure utilise presque exclusivement le témoignage paternel et ses activités littéraires cependant que la mère est reléguée en cuisine. Cet article entend montrer cependant que Lucia Glantz n’est pas dévalorisée. La nourriture qu’elle prépare facilite l’émergence des souvenirs et resserre les liens entre passé et présent. Si Las genealogías insiste davantage sur la figure du père, cette oeuvre semble signaler également que les aliments, tout comme les livres, sont sources de connaissances, ce qui n’est guère surprenant lorsqu’on rappelle que « savoir » et « saveur » ont la même étymologie.